mercredi 27 décembre 2006

L'oeuvre


  • Généralités

Les Fusillades du 3 mai est un tableau de Francisco de Goya qui représente l'exécution d'un groupe de rebelles par les soldats de Napoléon 1er. Contrairement à une grande majorité de tableaux de l'époque, celui-ci n’est pas une commande : c’est GOYA lui-même qui a proposé à la Régence de peindre un hommage aux héros de la guerre. Pour comprendre cette proposition, il faut revenir au contexte de l'époque. Dans la nuit du 2 au 3 mai 1808, les soldats français - en représailles après la révolte du 2 mai - exécutent les prisonniers qu'ils ont faits au cours de la bataille. En 1813, quand Napoléon rappelle ses troupes et abandonne l'Espagne, son frère Joseph quitte le trône, suivi par des dizaines de milliers d'Espagnols, collaborateurs de l'occupant français. Ferdinand VII restaure l'ancien régime et commence une campagne d'épuration, en particulier contre les intellectuels favorables à l'instauration par la France d'une constitution libérale en Espagne. GOYA ne fait pas exactement partie des collaborateurs mais en 1808, il avait juré "amour et fidélité" au roi Joseph et avait fait le portrait de plusieurs occupants. Il s'active donc pour démontrer son patriotisme et propose au gouvernement la réalisation de toiles à la gloire des révoltés. Lorsque Goya peint cette scène en 1814, il ne la connaît que par de nombreux témoignages (il n'y a pas assisté personnellement). Il rend hommage aux victimes de cette révolte contre l'occupant français en Espagne. Grâce à ses toiles (2 Mai et 3 Mai), le peintre traverse l'épuration et retrouve même son ancienne charge de peintre du roi.

  • L’œuvre en détails
Dans ces deux tableaux (2 et 3 Mai) comme dans ses toiles postérieures, Goya peint par touches épaisses de couleurs sombres, illuminées de jaune brillant et rehaussées de rouge. Le peintre gifle sa toile à grands coups de pinceau, esquisse les visages, distribue les masses sombres, fait éclater la lumière sur l’homme qui va mourir, dressé dans un dérisoire sursaut. La composition des couleurs donne une dynamique au tableau. L'oeil est d'abord attiré par la tache lumineuse du martyr habillé de blanc, puis il suit son regard et découvre les soldats. Ces derniers formant une masse plus sombre, le regard repart vers l'homme en blanc. Ce va-et-vient donne au spectateur l'impression de participer à la scène. Au centre du tableau, on peut lire la terreur sur le visage de l'homme en blanc. Ses yeux ne quittent pas les fusils des soldats, tueurs anonymes dont on ne distingue pas le visage. Il a les bras ouverts, comme un crucifié, un martyr. Pour accentuer la position christique de l'homme, Goya a placé sur sa main droite un stigmate, signe chrétien de la crucifixion. Au premier plan, un homme à terre baignant dans son sang rappelle le prix payé par le peuple de Madrid. GOYA n'oublie cependant pas de faire figurer l'église. Au premier rang des victimes, agenouillé, ou en train de prier Dieu, se trouve un prêtre tonsuré et en robe de bure. L'église a joué dans le conflit un rôle prépondérant, appelant à la résistance et fournissant des prêtres prêts à prendre les armes.

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